Faut-il donc que le théâtre soit si compassé, convenu dans la misère humaine ?
Non pas que je veuille de la comédie musicale, mais même cet étalage de désespoir en représentation « amuse », « divertit » la galerie.
Je n’aime pas ce théâtre qui, sous prétexte de coller avec la réalité, dans son effort insensé et si peu audacieux de sur-représenter ce qui est, voire de sur-jouer la catharsis (il n’est pas anodin que l’establissement psychothérapeutique local en ait fait un témoignage digne de cette monstration, même pas impudique, mais totalement anecdotique), s’imagine recoller les morceaux d’un puzzle que toute une vie, d’homme ou de femme, ou d’enfant, ne suffit pas à recenser.
Je n’aime pas ce théâtre qui, sous prétexte de coller avec la réalité, dans son effort insensé et si peu audacieux de sur-représenter ce qui est, voire de sur-jouer la catharsis (il n’est pas anodin que l’establissement psychothérapeutique local en ait fait un témoignage digne de cette monstration, même pas impudique, mais totalement anecdotique), s’imagine recoller les morceaux d’un puzzle que toute une vie, d’homme ou de femme, ou d’enfant, ne suffit pas à recenser.
Non pas que je veuille un théâtre obscurantiste et d’intellectuels, conceptuel jusque dans la dérision mais évitant même de penser sa propre dérision. Mais à trop vouloir faciliter les choses, donner les clés et purement et simplement imiter, il en oublie jusqu’à son essence : la métaphore !
Je n’aime pas ce théâtre où l’acteur se fait l’assistant de la lecture de son spectateur. Tout doit garder son mystère ! Et vouloir s’en défaire, c’est laisser place à une récitation que même la meilleure technique sur le plateau rate toute l’incarnation paradoxale du comédien.
Je n’aime pas ce théâtre où l’acteur se fait l’assistant de la lecture de son spectateur. Tout doit garder son mystère ! Et vouloir s’en défaire, c’est laisser place à une récitation que même la meilleure technique sur le plateau rate toute l’incarnation paradoxale du comédien.
Je reviens de Leaves, de Lucy Caldwell, mise en scène par Mélanie Leray, du Théâtre des Lucioles. Un spectacle de plus, de cette même compagnie, que je trouve fade. Où est donc votre audace que j’avais appréciée ? Arrêter donc ce spectacle marchand, que vous vendez même dans les scènes conventionnées, comme s’il s’agissait du théâtre privé. Retrouver le sens, ne cherchez pas à produire une explication de texte.
Mentions spéciales toutefois pour ces comédiennes qui interprètent Poppy et Clover.
5 commentaires:
Moi par contre, j'ai aimé Leaves. Pour sa modernité et sa force emotionnelle, prôche du cinema. Et je lis la critique de Pigiconi... Est ce toujours comme ça au théatre? Avec une définition rigide et scolaire de ce à quoi doit ressembler une pièce? Et où l'epithète et l'adverbe doit remplacer l'emotion... Si oui, quelle tristesse...
Encore faut-il qu'il y ait de l'émotion!!! Je n'en ai pas éprouvé et je revendique le droit de n'en avoir pas éprouvé, comme vous d'y trouver une "modernité". De même que je revendique le droit le plus absolu de ce que vous appelez ce théâtre triste, qui manie les mots, l'épithète et l'adverbe... parce qu'il s'agit d'abord de cela: le mot, la phrase, l'adresse. Le VERBE! Comme je vous revendique le droit de ne pas y goûter! Quant à une définition scolaire: il me semble que vous devriez faire un tour dans les écoles, celles (les rares et résistantes), qui offrent ce genre de chantier: vous y trouverez un travail qui n'a rien à voir avec un captation vidéo et encore moins une approche cinématographique. L'émotion, au théâtre, n'est certainement pas de celle qui vous prend, à voir défiler des images. Et comme je peux être un bon spectateur, facile à séduire, au cinéma comme au théâtre, je peux être aussi de ceux qui sortent de la salle sans applaudir parce qu'ils estiment, même faussement ou tristement, que le compte n'y est pas. Si cela devait m'arriver, je crois que je m'interrogerais et que je construirais, non pas contre mais avec cela..... du moins tâcherais-je d'avoir cette humilité-là! Parce que rien n'est fixé et que tout cela se remet à l'ouvrage!
Mais, je ne vous enlève aucune de vos "revendications". Je ne fait qu'opposer un avis contraire à votre critique. Drôle de voir comment cette simple remise en cause de votre jugement a l'air de vous faire monter en majuscules... pour défendre un verbe qui n'étaiy jamais attaqué. J'ai juste peur que vous ne comprenniez pas cette simple chose: le théâtre n"est pas juste affaire des règles que vous pré-etablissez. C'est de ça dont j'essayais de vous parler... un peu moins de rigidité peut vous être vraiment bénéfique.
Recherche d’affectations qui donnent à voir. Faire moderne en incluant des repères qui fassent écho à ce qui se passe au dehors. Rassurer la compréhension. Flatter la sensibilité. Caresser avec une fausse empathie l’attente innomée de celui qui voudrait ressortir avec l’impression de n’être plus tout à fait le même, et qui n’en sortira qu’avec l’illusion de cela. Et pas plus avancé. En rien. En presque rien.
Et il faut s’estimer heureux lorsqu’on nous laisse le texte.
C’est au mieux les impressions avec lesquelles je quitte un théâtre la plupart du temps. Ca finit par être celles avec lesquelles j’y retourne néanmoins : de moins en moins.
J’ai envie qu’on me montre. Pas qu’on me démontre. Qu’on m’invente. Pas qu’on me récite. Qu’on me trouble. Pas qu’on m’explique. Qu’on me fasse à mon curieux insu rire de choses épouvantables. Qu’on travaille sans complaisance les arrangements de mon désespoir.
Sinon je me contente de déchiffrer la rue : c’est gratuit.
Rassurez-vous, Artemio, je sais bien que vous ne me retirez rien de mes revendications. Et d’ailleurs, le pourriez-vous seulement ? Vous les avez suscitées, en un sens, stimulées, et je vous en suis reconnaissant. Vous regrettez que je monte en majuscules et que je prédéfinisse des règles, au risque de ne plus rien comprendre (et notamment au théâtre). Mais voilà, sceptique, je les cherche encore, figurez-vous ! Telle doit être « ma rigidité » ! C’est ce qui me donne envie de suivre des compagnies et des projets ; quand elles m’invitent à repenser mes règles prétendument pré-établies ; quand elles me confortent dans l’interrogation et en renouvellent à chaque fois les termes de sorte que les questions changent et ne demeurent jamais telles quelles. Oui, je vous l’avoue, mon péché mignon, au théâtre, comme ailleurs, est d’être surpris, pris au dépourvu, déstabilisé et laissé sans voix. Ce qui fait que la modernité (le mot, comme le jugement) est toujours dépassée : rien ne la fixe et elle est à chaque fois à l’ouvrage. C’est la possibilité même de la critique, au risque de l’antagonisme. A cet égard, la modernité n’a rien à voir avec un regard lisse, voire lissé par les prouesses technologiques du cinéma et de la vidéo……….
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