lundi 2 novembre 2009

L'être commun c'est ce qui inclut, non ce qui exclut, dans la Respublica



"La pensée de la souveraineté est la pensée du peuple comme fondement originaire de l’ordre juridique de la respublica. Elle est pensée de ce qui est commun. En ce sens, la souveraineté est construite et développée, comme forme qui donne l’être à l’Etat, elle n’est pas la politique comme guerre, car elle vise au contraire l’instauration de la politique comme paix. Ce n’est pas dire que la pensée du commun ne requiert pas la détermination de ce qui ne prend pas part au commun. Quant à la guerre elle est un instrument de la politique de la finitude, non son essence. Et si l’être commun suppose ce qui est hors du commun (pour que l’être soit, il faut que le non-être soit), il reste que dans son essence constitutive, l’être commun des modernes pose le commun a priori, et la paix comme son but. Pour l’être commun c’est ce qui inclut, non ce qui exclut, qui est posé d’abord. Et si la fondation de l’être commun passe par la guerre, celle-ci n’est pas pour autant la définition de la souveraineté. Si l’on tient au mot, la souveraineté commence par poser un principe d’amitié comme condition de possibilité de la respublica, principe d’amitié sans lequel il n’y aurait ni peuple démocratique, ni citoyen libre : est « ami » celui ou celle qui a la même norme du juste en commun. Est ami celui ou celle qui reconnaît ma liberté comme mon bien propre. C’est sur un tel fondement que le juste commun d’une république se déploie, dans le cadre particulier des nations historiques – comme pensée de la liberté reconnue. Une telle pensée s’est constituée au cours d’une histoire, comme la pensée d’un peuple, comme la vie du citoyen. "
Gérard Mairet,
La Fable du monde - enquête philosophique sur la liberté de notre temps.
édition Gallimard, 2005,
p.72

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