C’est un vieil appartement, aux murs délabrés. Une porte battante par laquelle entre un couple de danseurs. Au fond, une autre, un deuxième couple. Leur démarche est souple, lente, ample. Une merveilleuse écoute, et une telle limpidité. Les entrées et les sorties s’enchaînent, et les corps s’emmêlent, fusionnent. C’est ce mélange qui impressionne. Des corps sans poids, sans pesanteur. Ils s’attirent, se répondent. Volent aussi. La première partie est aérienne, mais pas insouciante. Dans un article du Monde, Rosita Boisseau rapporte : « Sasha Waltz travaille les corps comme un matériau, une pâte qu'elle malaxe en testant la résistance, étirant les fibres, assemblant les morceaux pour de saisissantes pyramides humaines. C'est son talent, ce qui fait aussi la signature si spécifique de cette chorégraphe-batisseuse, qui n'est pas tout à fait par hasard fille d'architecte. Erection de digues, de tours, de ponts, d'arcs de chair, elle jouit de jouer avec les tailles de ses interprètes, leurs gabarits pour sculpter dans la masse des images plastiques somptueuses et inédites, proches d'un art de la statuaire ». Et c’est vrai que cette jouissance des corps, cette fluidité qui les assemble comme cette vitalité qui les éloigne les uns des autres est bonne à voir… époustouflante.
La seconde partie est celle de la fin du monde, de ce chaos qui, par le déchaînement des éléments, est la désunion des corps. C’est un déferlement, une avalanche et sur scène, la mise en feu du mur, le démontage méthodique autant qu’acharné du plateau de danse : tout a alors quelque chose de terrifiant et d’une longueur qu’on voudrait parfois arrêter. Le théâtre du désastre prend alors vie. Théâtre du naufrage, qui, dans sa mise en scène en devient excessif. Mais pourtant quelles présences !
La musique était de Jean Sébastien Bach, Concerto pour violoncelles
6 commentaires:
Voilà un blog qui m'intéresse. Il me tarde d'avoir un peu plus de temps pour pouvoir m'y attarder.A bientôt donc.
Bienvenu alors et bonne visite
"... cette jouissance des corps,cette fluidité qui les assemble", sublime tableau vivant qui semble prendre vie dans le plus intime et incarner ces mesures vibrantes de sensibilité et rondes d'épanouissement. Probablement un jeu d'acteurs-danseurs in-édit accompagnant un concerto in-ouï tant il se révèle fécond.
un spectacle allucinant ! des danseurs époustouflants ! j'ai beaucoup aimé la première partie... puis le moment du chaos, mais alors le passage ou la folie s'empare de chacun d'eux... (enfin c'est ce que j'ai cru comprendre)c'est moins bien passé !
A voir absolument.
Suis content que le Dom soit, finalement, emballé, car le soir même il était crevé le pauvre. Après une grippe, un voyage à Brest, Coeurs croisés et Bienvenue chez les ch'tis, repartir pour un tour relevait de l'exploit. Bon moi aussi j'ai beaucoup aimé le tout, moi aussi j'ai trouvé la seconde partie, le chaos, un peu "trop", un peu excessif, mais après tout, fallait'il nous laisser confortablement dans nos sièges après un tremblement de terre, ne fallait-il pas nous faire trouver ça trop long justement, comme en témoignent ceux qui en ont connu un ? Ca ne dure que quelques secondes mais en même temps ça donne l'impression d'une éternité.
Personne n'a évoqué le spectacle sonore ? Car entre les pièces musicales, que j'ai un peu oublié et qui, peut-être, manquaient dans la première partie, l'accompagnement sonore de l'apocalypse était impressionnant.
Soit dit en passant, très belle salle que celle du nouveau TNB, c'est peut-être aux équipements flambant neufs qu'on devait aussi ce spectacle sonore : une vraie réussite.
Et il est vrai que voir ce spectacle dans le nouveau TNB, et la nouvelle salle Jean Vilar, c'était pour moi une belle inauguration.......
à bientôt
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