jeudi 16 février 2012

Tableau 12. le récit du départ

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Tableau 12. le récit du départ

Le père et la mère sont sur scène. On ne verra vraiment que le corps de la mère. Le père sera toujours dans la pénombre, sur son rocking-chair.

La mère

Mais arrête ! Arrête donc !… La fille est partie sans se retourner. L’homme qu’elle s’était imaginée l’a suivie. Dans sa tête à lui, il n’y avait pas de doute. Cette odeur, il l’aurait reconnue entre toutes. Toujours aussi entêtante, épicée. Il ne pouvait retenir le mouvement qui, à présent, l’animait. Il ne s’est même pas aperçu qu’en se levant, il fit tomber la chaise. La fille a marché le long des quais sans se rendre compte au début qu’elle était suivie. Elle était perdue dans ses pensées ou dans ses rêves de gamine. L’homme, quant à lui, faisait une drôle de tête. Il s’est allumé une cigarette et s’est mise à la fumer nerveusement. Devant, la fille marchait sans se soucier de rien. Il a accéléré le pas. Il devait la rejoindre, la toucher, s’agripper à elle, lui tordre le bras, l’entendre crier, la voir s’étonner de tout le mal qu’il lui faisait, la retenir d’appeler, la forcer à lui laisser la voie libre pour retrouver ce qui lui avait tant manqué ou bien qui lui était revenu ne s’en étant pas même inquiété auparavant, la forcer à s’agenouiller implorant le ciel et tout ce qui ne viendrait pas à son aide car c’était bien ça une pauvre fille, il ne pouvait pas se l’imaginer autrement, et lui ne pouvait s’imaginer autrement cette étreinte. Il commence à suer gros et gras. La fille commence par  sentir un souffle dans son dos. Ce n’est pas que ça lui fait du bien mais elle ne peut pas croire que ça lui serait désagréable. Elle avance en ralentissant le pas. Elle se retourne même. Et c’est là qu’il… mais non. Elle a un geste fort et éloigne ce bras qui se tend vers elle. Elle le regarde. Elle n’a pas l’air en colère ou effrayée. Elle regarde l’homme de tout son long. Elle le jauge et lui lance un avertissement. Il recule. Elle reste là et il recule.

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