samedi 1 septembre 2007

Pierre Guyotat, « un héros de la beauté ».


Lecture passionnante que l’essai biographique de Catherine Brun.

Humanité passionnante que ce Pierre Guyotat. Il fait partie de ces hommes qu’à défaut de pouvoir rencontrer, on ne peut qu’admirer, ne serait-ce que pour l’intransigeance qu’il met à son travail et l’exigence artiste qui parcours son œuvre.

Dans un entretien avec Marianna Alphant, des 14-15/07/2000, il dit :

« Soit on croit en Dieu, dans le Dieu créateur, et alors l’expulsion parentale humaine – et datée dans le temps historique – de l’être conçu de tout temps par Dieu est une violence faite à cet être, une sorte d’abandon temporel par Dieu – comme autrefois l’Eglise abandonnait l’hérétique au bras séculier – de sa créature intemporelle ; soit on n’y croit pas et nous ne sommes, avant de « naître » et après « croître », qu’une petite palpitation de plus dans le fouillis égalitaire de la nature, de la vie – qu’est-ce qui peut faire penser que, proportionnellement parlant, l’homme pense plus qu’une puce ? Pour moi, le choix est encore impossible entre Dieu et l’Evolution, entre le plein et l’atome. C’est-à-dire que la « beauté » elle-même m’est de plus en plus interdite, en ce sens que dans toute chose, dans tout événement devant moi, paysage, corps, « ciel », etc., je vois immédiatement sa désintégration, son inexistence en somme ; et comment aimer humainement corps humain, esprit de ce corps, cœur de ce corps, quand en quelques secondes sa forme en quelque sorte disparaît, pour vous, dans l’abondance infinie de sa composition atomique ? Comment à plus forte raison y trouver de la beauté ? Mais il faut admirer, aimer et donc vivre malgré tout en connaissance de cause ; et n’est-ce pas au fond ce que l’art dans son ensemble universel nous apprend à chaque fois ? »

Quelque chose d’assez pascalien, en somme.

Et je crois que c’est ce pari fou qui le rend essentiel et incommensurable (comme els ont d’ailleurs toutes les tentatives poétiques et artistes).

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