mardi 6 novembre 2007

un objet théâtral: l'escabeau de bibliothèque


Consigne : vous transformerez un texte narratif en texte dramatique.

Vous veillerez à respecter la chronologie de l’intrigue alors que la chronologie narrative est totalement éclatée.

Et le fait est que cette consigne que je m’étais proposée, au départ comme pour un exercice de style et d’écriture, m’offrait quelques surprises.

Le texte du roman de Gert Hofmann, Notre Philosophe, est construit sur le souvenir, les souvenirs de Hans qui, comme tout souvenir, à l’instar de la Madeleine de Proust, survient sans crier gare, mais, contrairement à Proust, garde une spontanéité, une logique narrative propre qui reste éloignée de celle de l’intrigue.

C’était donc toute cette chronologie de l’intrigue qu’il me fallait reconstruire. En brisant le seul point de vue qui compte dans le roman : celui de Hans.

Le roman s’ouvre sur la mort et la marche funèbre de l’enterrement de Veilchenfeld. Ça sera notre fin.

Le roman se poursuit par ce dialogue entre le père et les enfants (il y avait Hans et sa sœur, Gretel) :

« D’ailleurs est-ce qu’il habite toujours ici, demandons-nous à notre père.

Oui, dit notre père, il est en haut.

Et qu’est-ce qu’il fait ?

Il est assis à sa table.

Et pourquoi ne descend-il pas ? »

Comme dans beaucoup de romans, il y a une géographie : celle, ici, de la ville, de ses rues qui montent, de l’appartement avec son bow-window.

Il y avait donc quelque chose de décalé, dans cet espace du roman, que l’escabeau, dans l’espace de la scène, manifestait. Et puis, c’est aussi un escabeau de bibliothèque, comme on peut imaginer qu’un philosophe allemand de cette époque pouvait avoir (une bibliothèque qui monte jusqu’au plafond, non rangée, les livres empoussiérés, des papiers – cours d’université, plans de futurs ouvrages - qui dépassent). En tout cas, il figurait le point de vue du philosophe versus celui de tous ceux qui le persécuteront jusqu’à son suicide.

L’escabeau aussi, parce que dans mon imaginaire, j’avais rêvé, pour Veilchenfeld, à un espace haut-perché. C’était pour moi une position d’observation pour ce personnage qui ne comprend pas ce qui se passe, comment la rumeur enfle, s’amplifie et l’atteint.

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